Travail « Au Pair » à l’étranger : Ce que ce statut recouvre vraiment

L’idée de partir à l’étranger pour travailler en tant qu’Au Pair fait rêver : immersion culturelle, partage en famille… Pourtant, dès qu’on aborde les tâches et les responsabilités demandées, une question surgit : s’agit-il d’un simple échange ou d’un « vrai » travail ?

L’expression « Au Pair » évoque, selon les cas, une activité à mi-chemin entre le volontariat, l’aide familiale et parfois même un véritable emploi. La confusion est d’autant plus grande qu’il n’existe pas de statut « Au Pair » officiel et uniforme à l’échelle internationale.

Les règles, les implications et les protections changent-elles vraiment selon la destination Au Pair ? Quel impact cela a-t-il sur l’organisation du séjour à l’étranger ? Quels sont les points essentiels à vérifier avant de s’engager envers une famille d’accueil ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans cet article.

Que signifie réellement travailler « Au Pair » ?

Caractériser le travail « Au Pair » n’est pas simple : sa définition change radicalement selon la destination. Cela s’explique par la nature même de ce statut, à la croisée de plusieurs interprétations.

Placement Au Pair : un statut à géométrie variable selon la destination

Le placement Au Pair repose à l’origine sur un échange culturel équilibré entre un jeune étranger et une famille d’accueil. Il a été formalisé par l’Accord européen sur le placement Au Pair (1969), signé par plusieurs États, dont la France.

Ce texte fondateur encadre un séjour temporaire durant lequel la personne accueillie participe aux tâches liées aux enfants et à la vie quotidienne, en échange du gîte, du couvert et d’un argent de poche. Mais ce principe n’a jamais acquis de portée juridique universelle. Seuls les pays signataires s’y réfèrent, et de manière très inégale. La réalité de ce statut varie donc fortement selon les contextes nationaux et les situations individuelles.

Dans certains cas, le séjour Au Pair s’inscrit dans un dispositif structuré, avec des règles précises sur la durée, les responsabilités ou l’indemnisation. Ailleurs, il s’appuie sur une entente directe entre la famille et le jeune. Ainsi, la notion de travail « Au Pair » désigne indifféremment un arrangement bien défini ou une charge de travail excessive, sans contrat ni recours en cas de litige. Cette diversité de pratiques illustre parfaitement la géométrie variable de ce statut.

Travailler en tant qu’Au Pair, nounou ou baby-sitter … Quelles différences ?

Dans l’usage courant, les termes « Au Pair », « nounou », et « baby-sitter » sont souvent confondus. Ce flou s’explique d’une part par la nature même et le manque de cadre clair du statut Au Pair, et d’autre part par la proximité apparente de ces différents rôles. Sur le terrain, ces réalités cohabitent, brouillant les repères.

Pourtant, la distinction est essentielle, car les responsabilités, leur logique et les protections associées diffèrent fondamentalement :

  • Le rôle de l’Au Pair est basé sur un équilibre : la participation à la vie familiale en contrepartie d’un hébergement, de repas et d’une indemnité. Le séjour est temporaire et centré sur la garde d’enfants, dans une logique d’échange culturel.
  • Le terme « Nounou » désigne habituellement une personne assurant la garde d’enfants de façon régulière et rémunérée.  Cette activité implique souvent un cadre contractuel (que ce soit au domicile des parents ou chez elle).
  • À l’inverse, le baby-sitting consiste à surveiller les enfants quelques heures en l’absence des parents, généralement en soirée ou après l’école. Cette mission se limite à des interventions ponctuelles.

Or, dans certains pays, l’absence de réglementation précise entretient justement cette confusion. La frontière entre immersion familiale et emploi déguisé devient alors poreuse. Sans un cadre bien défini, le risque est grand de voir, peu à peu, les responsabilités confiées largement dépasser ce que l’on imaginait au départ.

Voici quelques exemples de cette absence de clarté :

  • Un nombre d’heures exigées bien supérieur à ce qui est raisonnable ;
  • Des tâches qui s’apparentent plus à celles d’un employé de maison (ménage complet, courses, etc.) qu’à une simple aide quotidienne ;
  • Et, point essentiel, la difficulté à se protéger ou faire valoir ses droits si un problème survient ou si la famille ne respecte pas l’accord.

Alors que des cadres plus sécurisants existent par ailleurs (avec des programmes spécifiques, par exemple), beaucoup d’expériences Au Pair s’organisent encore de manière informelle et sans garanties suffisantes. C’est couramment le cas quand l’arrangement se fait librement entre les parties, souvent initié via les réseaux sociaux ou des plateformes en ligne. Cette mise en relation directe se fait sans l’accompagnement d’un intermédiaire reconnu.

Dans ce contexte, le manque de repères est flagrant et de fait, l’absence de recours possible est une réalité inquiétante. C’est pourquoi bien savoir, en détail, ce qui est attendu de vous dans le rôle proposé est absolument essentiel pour éviter les dérives.

Mais cette vigilance individuelle représente-t-elle une garantie suffisante pour aborder l’aventure Au Pair à l’étranger sereinement ? Quelles conditions légales et protections s’appliquent en fonction du pays de destination ?

Conditions d’exercice de l’Au Pair : ce que prévoit (ou non) la loi

La complexité des conditions d’exercice de l’Au Pair est d’ailleurs bien illustrée par les multiples questions pratiques traitées par l’Administration française. À cet égard, le statut Au Pair peut parfois être assimilé à une activité quasi salariée, sans les droits associés. Plus largement, le manque de formalisation harmonisée à l’international entraîne des situations très contrastées, voire problématiques.

Statut Au Pair : Quelles règles, quelles garanties selon les pays ?

Les règles et les garanties qui définissent le statut Au Pair diffèrent considérablement d’un gouvernement à l’autre. Dans une grande partie de l’Europe, les Français peuvent séjourner sans visa. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant qu’être Au Pair vous confère automatiquement une protection juridique effective.

Certains États comme l’Espagne, l’Irlande ou l’Italie ne prévoient aucun dispositif spécifique. L’accueil se fait généralement avec hébergement et parfois indemnisation, mais sans cadre légal défini. En cas de litige ou d’interruption du séjour, les recours sont très limités. À l’inverse, en Allemagne ou en Suisse, le placement Au Pair est reconnu comme une relation d’échange.

Celle-ci est alors assortie de règles précises :

  • Durée maximale de travail hebdomadaire et repos garanti
  • Congés payés
  • Argent de poche minimum
  • Accès à des cours de langue
  • Chambre individuelle
  • Couverture maladie 

Dans ces circonstances, le séjour n’est pas assimilé à un emploi, mais il s’inscrit dans une logique contractuelle mieux définie.

Par conséquent, analyser rigoureusement ce que prévoit chaque pays devient une étape incontournable. Cette démarche prend tout son sens si plusieurs destinations sont envisagées. Elle permet de dépasser les simples critères d’attrait pour évaluer les conditions effectives d’accueil. Car si les contours du séjour Au Pair s’avéraient sommaires, d’importants angles morts pourraient déboucher sur des risques bien réels. C’est pourquoi identifier ces points sensibles en amont évite les déconvenues majeures une fois sur place.

Travailler  »Au Pair » à l’étranger : Les risques juridiques à ne pas ignorer

Sur le plan juridique, les risques peuvent se manifester de différentes manières. Par exemple, l’emploi du mot « travail » dans une lettre, une annonce ou une demande de visa peut suffire à compromettre la légalité du séjour Au Pair. Dans certains cas, cette mention peut entraîner une requalification en activité salariée non déclarée.

Au Canada, un jeune Français parti sans PVT et engagé dans des tâches quotidiennes peut être considéré comme actif, donc en situation irrégulière. En Australie, les placements directs d’Au Pairs en familles d’accueil sans cadre formel exposent à des abus sans recours possible.

Ces écarts entre le rôle réellement assumé et sa reconnaissance juridique fragilisent votre position. En l’absence de dispositif structurant, les conséquences peuvent être multiples :

  • Pas de couverture en cas d’accident ou de maladie si aucune assurance n’a été souscrite 
  • Aucune voie de contestation si les responsabilités confiées s’accumulent ou si les relations se dégradent 
  • Risque de dépassement de séjour autorisé ou de requalification en travail dissimulé

Un accord écrit n’a de portée que s’il s’inscrit dans un cadre juridique reconnu. Selon les pays, le terme « contrat » peut désigner un simple arrangement entre deux parties, ou un engagement impliquant un ou plusieurs tiers (organisme, sponsor, agence partenaire, etc.).

Se fier aux seuls mots employés ne suffit pas : il est indispensable d’en vérifier l’impact concret au cas par cas. Certains repères permettent toutefois d’y voir plus clair. L’existence d’un programme officiellement reconnu par le pays d’accueil constitue souvent un bon indicateur.

Travail « Au Pair » quand on est français : comment sécuriser son séjour à l’étranger ?

Pour les Français qui souhaitent partir à l’étranger en tant qu’Au Pair, la complexité et les risques inhérents à ce statut font de la sécurisation de son projet l’enjeu majeur de la préparation. Pour réduire les incertitudes, la meilleure approche est de s’orienter vers un dispositif offrant des garanties établies.

Aux États-Unis, le séjour Au Pair s’inscrit dans un programme agréé par le Département d’État, reposant sur le visa J-1. Plusieurs éléments y sont définis contractuellement :

  • Un maximum de 45 heures de garde d’enfants par semaine
  • Deux semaines de congés payés
  • Une rémunération minimale définie par le règlement
  • Une assurance santé obligatoire pour l’Au Pair
  • L’inscription à des cours (université ou équivalent)
  • Une chambre individuelle au sein de la famille d’accueil
  • Une formation initiale de 32 heures dispensée avant ou dès l’arrivée aux États-Unis.

Le placement est organisé exclusivement par l’intermédiaire des sponsors agréés. Chargés de sélectionner les familles, d’évaluer les conditions d’accueil, de valider les profils, ils suivent le bon déroulement du séjour tout au long de l’aventure.

Depuis la France, l’association PIE est l’un des partenaires habilités à proposer ce programme officiel, via le dispositif l’Amérique Au Pair, qui inclut notamment :

  • L’évaluation des candidatures
  • La transmission de leur dossier à un sponsor américain pour le placement en famille d’accueil
  • L’accompagnement des participantes dans les démarches
  • La planification et la coordination de la formation en présentiel à New York.

Pendant le séjour, PIE reste joignable et peut intervenir en coopération avec le référent local désigné par l’organisme américain.

Aux États-Unis, cette formule structurée limite les zones d’ombre. Le contrat entre l’Au Pair et sa famille clarifie son rôle au sein du foyer, les obligations réciproques et les voies de recours éventuelles. C’est ce qui fait aujourd’hui du programme américain un modèle en matière de séjour Au Pair à travers le monde.

Alors, travail « Au Pair », vrai travail ou pas ? Finalement, la réponse importe moins que la lucidité avec laquelle vous abordez votre séjour à l’étranger. Posez les bonnes questions et retenez un point essentiel : le cadre légal et les garanties concrètes valent bien plus que les belles paroles. Dès lors, vous pourrez véritablement comprendre ce qui se cache derrière chaque proposition de placement et avancerez dans votre projet avec davantage de sérénité.