
Bien que le rôle de l’Au Pair se focalise sur l’enfant, il inclut par extension une forme de participation à l’entretien du foyer, connue sous l’appellation anglophone de Light housework. Cette expression que l’on traduirait littéralement par « tâches domestiques légères », est largement employée dans le cadre des séjours Au Pair : fiches officielles, retours d’expérience, groupes Facebook, forums dédiés.
Aborder, avec les familles, la question des tâches domestiques est souvent délicat pour les candidates, car elle craignent alors de passer pour des personnes peu motivées. Cette appréhension en fait une thématique sensible et parfois taboue, notamment lorsque les missions demandées dépassent l’aide raisonnablement attendue. Les débordements ne sont pas toujours volontaires : chaque foyer a ses habitudes, sa manière d’organiser le quotidien, sa propre définition du « petit coup de main ». Face à cette ambiguïté, de nombreuses futures Au Pair cherchent des repères avant de s’engager, tandis que celles déjà en poste s’interrogent sur les limites acceptables.
Comment, d’entrée, établir un cadre clair sans nuire à la relation avec la famille d’accueil ? Est-il possible de réajuster les attentes au cours du séjour, lorsque les habitudes familiales ne correspondent pas à ce que l’on avait imaginé ? Dans cet article, nous vous donnons toutes les clés pour mieux appréhender cet aspect essentiel du séjour Au Pair aux États-Unis, et pour mieux délimiter la notion de Light housework. Le but est de vous aider à aborder plus sereinement vos échanges sur ce sujet avec la famille d’accueil, et de faciliter la vie commune une fois sur place.
Light housework : comprendre l’ambiguïté du terme dans les séjours au pair
Lorsqu’on lit les témoignages ou les discussions sur les forums d’Au Pairs, on se rend compte rapidement que le concept de light housework ne renvoie pas toujours aux mêmes pratiques. Certaines Au Pairs évoquent à ce sujet de petits gestes du quotidien directement liés aux enfants. D’autres parlent d’une implication beaucoup plus large dans les tâches ménagères. Comment expliquer qu’un concept aussi fondamental puisse engendrer un tel écart d’une expérience à l’autre ?
Le flou des réglementations internationales : l’origine de la disparité des tâches
Dans la plupart des pays, le terme est courant, mais sa signification précise fait souvent défaut, laissant place à une interprétation variable. Ce manque d’explication crée un terrain mouvant où chacun applique sa propre logique domestique.

Plusieurs éléments expliquent ce phénomène :
- Absence de règles officielles. Le secteur du séjour Au Pair évoque largement les « tâches ménagères légères », mais peu de pays fournissent une définition stricte ou une liste détaillée des tâches autorisées.
- Influences culturelles fortes. Les attentes varient grandement selon les pays (Allemagne, Italie, pays nordiques), car chaque culture a sa propre vision de ce qu’est l’aide au foyer.
- Interprétation laissée aux familles. Sans cadre écrit, la notion de « tâche ménagère légère » dépend entièrement des habitudes de chaque foyer (gestion de la vaisselle, rangement général, etc.).
- Frontière floue pour les Au Pairs. Les candidates peinent souvent à distinguer ce qui est une simple aide quotidienne de ce qui s’apparente à la gestion complète du ménage.
Dans ce contexte incertain, il est difficile de déterminer ce qui est cohérent, acceptable ou hors sujet dans le cadre d’un séjour au pair. C’est pourquoi la plupart des candidates ont besoin d’une référence commune avant d’échanger avec une famille.
Participation au foyer : le risque de la surcharge pour l’Au Pair
Les dérives apparaissent surtout quand rien n’a été clarifié au départ. De nombreux témoignages en ligne montrent que, dans certains cas, la situation peut évoluer et se dégrader progressivement.
Le cas d’une Au Pair aux Pays-Bas, récemment partagé sur le forum Reddit, met en lumière ce glissement progressif des attentes. Au départ, sa mission se limitait au rangement de la cuisine après les repas de l’enfant dont elle s’occupait. Pourtant, les exigences se sont accumulées au fil du temps, incluant de plus en plus de ménage :
- Passage de l’aspirateur et/ou de la serpillière trois fois par semaine
- Nettoyage de la cuisinière, du four et du canapé
- Lessive de toute la famille
- Préparation des dîners, cinq soirs par semaine
Huit mois plus tard, la jeune femme hésite à rentrer. Les commentaires en ligne sont unanimes : les tâches confiées ressemblent désormais davantage à la mission d’une aide-ménagère ou « housekeeper » qu’à celle d’une Au Pair.

Ce type de situation ne reflète pas forcément une intention abusive. Plusieurs familles fonctionnent simplement comme cela et pensent de bonne foi que l’Au Pair « aide un peu dans la maison ». Sans limites précises, cette mission élargie devient la norme. Cet état de fait explique que beaucoup de jeunes filles Au Pair, en quête de certitudes sur le sujet, se tournent vers le programme américain. La définition du light housework y est en effet plus lisible que dans de nombreux autres pays.
Le cadre du light housework dans le programme américain Au Pair
Aux États-Unis, le séjour au pair est encadré par le Department of State (DoS). Le visa J-1 fixe des règles qui déterminent le périmètre du light housework. Ce processus clarifie d’emblée ce qui relève – ou non – du rôle d’une Au Pair. Les organisations américaines remettent aussi un guide interne qui précise les principes du programme. Un handbook sert de référence commune entre l’Au Pair et sa famille d’accueil.
Des missions directement liées aux besoins des enfants
Aux États-Unis, la mission de l’Au Pair se construit autour du rythme et des besoins des enfants :

- préparer leurs repas
- accompagner les routines du matin et du soir
- gérer les trajets (loisirs, école)
- jouer avec eux et leur organiser des activités
- superviser la toilette et les bains
- laver et plier leur linge
- ranger leurs chambres et les pièces qu’ils occupent
Ces routines forment l’essentiel des responsabilités de l’Au Pair et définissent le déroulement de ses journées. Pour les parents, l’expérience est l’occasion d’encourager plus facilement l’autonomie de leurs enfants. En tant que modèle, l’Au Pair leur apprendra naturellement à prendre soin de leurs affaires (jouets, livres ou vêtements) et à collaborer aux routines du quotidien.
Le programme J-1 encadre strictement la mission afin d’empêcher tout amalgame avec l’entretien général du foyer. Le temps de travail est ainsi limité à dix heures par jour et quarante-cinq heures par semaine. Ce cadre est fixé de manière contractuelle. L’Au Pair est avant tout un participant à un programme d’échange culturel, et non un domestique. Ses obligations ne concernent que les enfants et leur environnement immédiat.
Dans la pratique, un repère simple peut vous guider : une demande de la part de vos hosts est acceptable si elle concerne directement les enfants ; en revanche, le ménage de la maison, y compris celui des espaces privés des parents, n’en fait pas partie.
Les premières semaines servent justement à ancrer cette distinction et à s’accorder avec la famille sur le fonctionnement global.

Fair contribution : les petits gestes du quotidien attendus par les familles d’accueil
Les familles attendent généralement de l’Au Pair une contribution proactive aux gestes d’entretien relevant du bon sens et de la vie en collectivité. Dans les handbooks, cette participation est encadrée par la notion de « fair contribution ». Il s’agit d’une implication raisonnable et proportionnée aux besoins du quotidien et limitée à l’utilisation partagée des espaces.
Cela inclut, sans s’y limiter, par exemple :
- Garder votre chambre et votre salle de bain propres
- Remettre en ordre une pièce après l’avoir utilisée
- Faire la vaisselle d’un repas auquel vous avez participé
- Ranger le coin cuisine après un goûter
- Acheter ce qui manque pour un pique-nique de dernière minute
La préparation des repas reste occasionnelle : elle se résume à un plat simple ou une lunch box pour les enfants lors d’un créneau défini. De plus, elle ne doit en aucun cas s’étendre à la prise en charge de la cuisine familiale au sens large.
Les tâches domestiques exclues du contrat Au Pair
Malgré une bonne anticipation, certaines demandes de la famille d’accueil peuvent, une fois sur place, surprendre ou engendrer un doute. Dans ces situations, la meilleure démarche face à l’incertitude est de se référer au programme américain. Certaines responsabilités sont formellement exclues des responsabilités de l’Au Pair : cela ne laisse aucune place à l’interprétation. L’administration américaine l’énonce ainsi :

« You are not responsible for cleaning the parents’ bedroom or bathroom, doing the family’s laundry, deep cleaning such as scrubbing floors, washing windows, cleaning the oven, or any type of heavy housework. »
Concrètement, ces exclusions concernent :
- le nettoyage des chambres ou salles de bain des parents
- la lessive ou le repassage du linge des adultes
- toutes les formes de deep cleaning (sols à récurer, vitres, four, surfaces à récurer en profondeur, etc.)
Dans la vie de tous les jours, cela signifie que tout ce qui s’apparente à la gestion complète du ménage ou à un rôle de housekeeper sort du périmètre.
Une demande ne vous paraît pas alignée avec votre rôle ? Gardez en tête qu’elle n’est pas forcément le signe d’une mauvaise volonté de la part de la famille. Pour évaluer la situation, il est essentiel de s’appuyer sur votre contrat. Celui-ci fixe un cadre précis qui protège le temps de l’Au Pair, la mission et l’esprit du programme américain, qui reste centré sur la vie et le développement des enfants.
Bon à savoir : aux USA, si la discussion avec votre famille d’accueil est difficile (malentendu, décalage ou autre), votre Community Counselor (LCC) est là pour vous aider et/ou pour servir de médiateur.
Clarifier l’aide au ménage : comment éviter les malentendus avec votre Host Family
Les anciennes Au Pair qui ont trouvé rapidement leurs marques expliquent avoir osé poser des questions précises lors des entretiens, mais également après la phase de matching.
L’expérience de Mathilde rappelle l’importance de ce type d’échanges et d’explications. Lors du processus de placement, elle a vraiment matché avec une host family. Malgré ce bon feeling, Mathilde a fait preuve de rigueur, car elle devait concilier son rôle d’Au Pair avec des cours intensifs d’anglais. S’apprêtant à s’occuper de trois enfants scolarisés, elle a demandé aux parents de détailler leurs attentes : organisation des trajets, retour des enfants à la maison et enchaînement des activités. Ces éléments concrets lui ont permis de confirmer que l’organisation familiale s’accordait avec ses impératifs.

Pour obtenir une vue d’ensemble de l’organisation hebdomadaire, voici comment formuler votre demande :
« How do you usually organise the children’s routine during the week? »
De son côté, Louise savait qu’elle allait s’occuper d’un nourrisson âgé de trois mois. Ce rythme particulier l’a incitée à demander très tôt à ses futurs hosts comment ils imaginaient sa fonction et quelle place elle occuperait. Leur réponse correspondait exactement à ce qu’elle allait vivre : préparation des repas du bébé, temps d’éveil, routine de sommeil et rangement des espaces utilisés ensemble.
Pendant la sieste, elle gérait uniquement le linge du bébé et la vaisselle du matin, puis elle avait des moments libres pour elle. La journée se terminait lorsque les parents rentraient vers 18 h et prenaient le relai. Parfois elle restait discuter avec eux, mais sa mission était clairement définie : tout ce qui dépassait la prise en charge de l’enfant relevait des parents. Afin d’éviter toute confusion sur ce que l’on attend de vous concernant l’aide au ménage, vous pourriez demander :

« What do you expect from me regarding the children’s meals, daily cleanup and end-of-day organisation? »
Durant les premiers jours, voire les premières semaines, il est normal de revenir avec la famille sur les points abordés en entretien. Cette démarche permet d’éclaircir certains détails et d’ajuster si nécessaire ce qui doit l’être. Les familles sont généralement disponibles pour répondre aux questions que l’on se pose (si l’on cherche par exemple à comprendre pourquoi telle ou telle habitude est de mise). Cette période permet de mettre en place un fonctionnement clair pour tout le monde.
Le light housework soulève souvent des questions, car la confusion autour de ce terme est très fréquente. Si vous aviez des doutes avant de lire notre article, vous voilà désormais parfaitement éclairée sur le sujet. Aux États-Unis, le visa J-1 définit clairement les limites de votre rôle, vous protégeant ainsi d’éventuels abus. Néanmoins, cette protection ne doit pas vous rendre passive dans votre démarche. En posant des questions précises et proactives à votre future famille d’accueil, aussi bien pendant la période d’échanges qu’après le matching, vous partirez l’esprit serein. Vous aurez ainsi la garantie que votre participation à la vie du foyer est clairement établie et comprise par tous.





